Comment l’enlèvement d’Alia a été préparé

Dans notre chapitre précédent, la discussion tournait autour de la première année de vie d’Alia, avant qu’elle ne soit kidnappée.

Aujourd’hui, abordons les six mois qui ont suivi.

Alors que je refuse de donner mon accord pour la garde alternée d’Alia avec son père, celui-ci tente par tous les moyens de me la soutirer. Il essaie tout : les cris, les injures, la violence, les menaces, le chantage, le harcèlement.

Je suis obligée de mettre mon téléphone en mode avion le soir si je veux dormir. Parfois, le père vient jusqu’en bas de l’immeuble et il exige de « négocier ». Son mot favori qu’il répète comme un mantra.

Un jour, il s’introduit même chez moi, et embarque tous les habits de notre fille, sauf ceux qu’elle porte sur elle à ce moment-là. Il m’explique alors que si je veux qu’elle ait des habits demain, il va bien falloir que je la signe, cette déclaration conjointe. Les deux cartons d’affaires sont enfermés dans le coffre de sa voiture, et il ne me les rendra que quand il aura ma signature en bas de chaque feuillet demandant la garde alternée au JAF. Je vais finalement réussir à l’entourlouper, de justesse. Je récupère les habits, et comprends que je n’en suis qu’au début de mes peines.

Vient alors le premier « mini-enlèvement », le test.

Alors qu’il vient chercher Alia pour passer l’après-midi avec elle, son père me l’arrache des bras et m’explique « qu’il peut bien tout faire tout seul ». Il n’y a aucune raison valable pour cette violence, et je fais de mon mieux pour épargner Alia. Alors je tourne 7 fois ma langue dans ma bouche, et les regarde partir. Le soir, je reçois un SMS m’expliquant qu’Alia ne rentre pas, qu’elle dort chez lui. Et en effet, il ne me la ramène pas.

Je parviens à lui faire peur, et puis, il doit en avoir assez de s’occuper d’elle, alors il la ramène le lendemain soir. Premier enlèvement terminé.

Alia, elle, reste joyeuse, elle continue à bien manger, à se développer. Elle comprend le Français et l’Anglais, et elle commence à parler le Français. Elle a ses amis chez la nounou, et tout semble bien se passer. Je ne sais pas, je n’ai aucun moyen de savoir comment elle vit cela. Et ça m’attriste énormément. La nounou, une femme formidable qui a bien compris ce qui se passait, fait le maximum pour qu’Alia ne soit pas impactée. Elle a été une des rares personnes à tout faire pour qu’Alia aille le mieux possible. Alors, elle est la prochaine victime du père de ma fille.

Rapidement après le premier enlèvement, je reçois un appel choqué de Nounou. Elle m’explique, désemparée, que le père d’Alia est venu la chercher à son domicile. Qu’elle a essayé de l’en empêcher, mais que la PMI de la ville l’a forcée à lui remettre l’enfant, car aucun juge n’avait encore statué sur la garde d’Alia. J’appelle le père, qui a mis son téléphone en mode avion.

Parce qu’il est parti au travail !

Il vient d’enlever notre fille de chez sa nounou, pour l’emmener chez sa femme et partir au travail dans la foulée! Je suis hors de moi. Il ne me répondra que le soir, en m’expliquant qu’il ne me « rendra » jamais Alia.

Notre fille vient de passer du statut d’humain au statut d’objet. Elle ne redeviendra plus jamais humaine aux yeux de son géniteur.

Je me rends à la PMI. Je suis froidement accueillie par une femme qui me dit que de toute façon, si les pères avaient des droits, ils n’enlèveraient pas leurs enfants, et que je n’avais qu’à le laisser voir sa fille. Elle m’indique qu’elle n’a plus rien à dire sur le sujet et qu’il est inutile que je revienne.

Je suis bouche bée. C’en est trop. S’il s’agit d’un problème de justice, alors c’est avec la justice que je vais voir.

J’appelle mon avocate lyonnaise qui me conseille dans un premier temps de faire une OST. Je la fais faire, et je l’obtiens.

Mais 48h plus tard, toujours aucune nouvelle de ma fille, son père étant déterminé à ne pas me laisser la voir. Quelle ironie !

Mon avocate prend alors rendez-vous avec l’avocat du père de ma fille, afin de trouver un terrain d’entente. Nous nous réunissons tous au cabinet de ce monsieur, et le père d’Alia prend peur. Il a Alia depuis 6 jours, et les deux avocats lui font comprendre qu’un enlèvement, ça ne rend pas bien dans un dossier qui n’est pas encore passé devant le JAF. Il n’a plus aucune chance d’avoir la garde alternée, à ce stade. Et étant donné son comportement, il risque même de perdre l’autorité parentale (qui est pourtant très majoritairement conjointe dans les couples séparés) s’il ne prend pas rapidement une décision qui « aille dans le sens de l’enfant ».

 Il comprend qu’il a saboté ses chances, et accepte de ramener Alia chez moi le lendemain matin. 

Le second enlèvement est terminé, mais à quel prix? Le kidnappeur comprend désormais que la justice française va dans le sens de la loi, pas dans le sens du plus menaçant. Et ça ne l’arrange pas du tout.

Les quelques semaines qui suivent sont difficiles. J’ai peur d’un nouvel enlèvement, et le père continue de rôder devant mon appartement n’importe quand. Alors, Alia et moi nous levons tôt, très tôt, pour qu’il ne nous trouve pas devant la porte de l’appartement. On va prendre notre petit déjeuner dans des cafés pour partir plus tôt de la maison, et que quand il arrive, il ne trouve personne. C’est infernal.

Au bout d’un moment, il comprend notre petit jeu. Il se rend directement en bas de chez la nounou. Je passe par les portes de derrière pour rentrer. Mais un jour, je reçois un nouvel appel de Nounou. « Il est en bas de chez moi, il attend dans la voiture que vous arriviez. » Ce jour-là, il va harceler notre gentille nounou, et la suivre lorsqu’elle va à la PMI faire les activités sportives avec les enfants. Il ne la croit pas quand elle lui dit qu’Alia n’est pas venue aujourd’hui.

Alia, elle est avec moi, dans sa poussette, au sommet de la colline. Et on regarde ce charivari, comme une scène tirée des Fourberies. J’espère jusqu’au dernier moment que je vais pouvoir amener Alia directement au sport, qu’elle sera en sécurité là-bas ; et puis je me rappelle de la dame qui gère la PMI, et j’abandonne l’idée. Je me rends à l’évidence, aujourd’hui, Alia ne verra ni sa chère Nounou, ni ses amis. Nous retournons au bus.

Je réalise alors quelque chose de terrible. Je dois quitter Lyon.

Alia et moi, nous quittons Lyon, Nounou, nos amis respectifs, notre appartement, notre vie. Je démissionne de mon travail.

Je pars à Annecy, chez mes parents, en attendant que la situation s’arrange.

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Article initialement posté le 24.06.2021

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