Dans l’article précédent, nous parlions de ce que j’appelle les « mini-enlèvements ». Ces fois où le père de ma fille l’a enlevée, en la gardant en France, et en la ramenant à mon domicile parce que conscient du risque juridique.
Il m’avait rendu la vie tellement infernale, que je décidais de tout quitter pour nous mettre, Alia et moi, en sécurité. Nous sommes parties nous installer chez mes parents en Haute-Savoie.
A ce moment, mon but n’est pas de me cacher, il n’est pas non plus de séparer ma fille de son père. Mon but, c’est juste de reprendre une vie normale, pouvoir aller au travail sans le trouver devant la porte. Je sais qu’il a un CDI à Lyon, il ne pourra pas se rendre facilement tous les matins à Annecy pour vérifier nos faits et gestes.
Alors, j’ai fait les choses bien, dans la légalité. J’ai prévenu le père de notre déménagement sous 48h, par lettre recommandée avec A/R. Je lui ai indiquée ma nouvelle adresse, qu’il connaissait bien puisque c’est celle de mes parents et qu’il y était déjà venu. J’ai fait en sorte que ma fille puisse être à la fois en sécurité avec moi, mais qu’elle puisse continuer à voir son père.
Ni une ni deux, le premier weekend après mon déménagement, on trouve le géniteur devant la porte. Il a bloqué toute l’impasse avec sa voiture, histoire que personne ne puisse sortir. Ma mère est choquée devant tant de hargne (après tout, que lui ont fait les voisins pour mériter de ne pas sortir de chez eux?)
Nous appelons la gendarmerie. On m’explique que non, ils ne peuvent rien faire sur une propriété privée mais qu’ils vont envoyer une patrouille « au cas où ». L’équipe vient, parle avec le père, qui finit par changer sa voiture de place et la mettre sur un emplacement normal.
Il ne verra pas sa fille ce weekend, puisque ce n’est pas « son » weekend, et je vais m’y tenir. Il finit par repartir quand il comprend que je refuse de me plier à ses menaces. Pour voir sa fille il peut quand même bien faire l’effort de se rappeler quel jour il peut passer. Comment font donc les autres pères ?
Son weekend commence le samedi 3 décembre. Je refuse qu’il prenne Alia seul tant qu’un jugement n’aura pas été émis. J’ai donc prévu que nous nous retrouverions tous ensemble dans un café. Pas de nouvelles du père. Puis, il me dit à 15h le samedi qu’il vient juste de se lever, qu’il file à la douche et vient la voir ! Lui qui était pourtant devant la porte à 7h30 la semaine passée…
Bref, le temps qu’il arrive il fera nuit. Je lui dis donc de passer plutôt le lendemain, le 4 décembre 2016. Je prends toutes les précautions pour qu’Alia soit en sécurité : ce dimanche, il y a un événement dans le village d’à côté, le plan Vigipirate sera activé, et les véhicules n’auront pas le droit de circuler. Je lui donne rendez-vous au milieu de ce village, pour que nous ne soyons jamais seuls et qu’il ne puisse pas rejoindre sa voiture rapidement si jamais il tente quelque chose.
Mais le 4 au matin, au lieu de m’attendre au rendez-vous, il a garé sa voiture au bord de la route derrière chez moi. Il nous suit jusqu’au parking du village, et bloque de nouveau notre voiture avec la sienne.
Je sors de la voiture et lui dis d’aller se garer, et qu’il me rejoigne au café. De mon côté, je compte amener Alia au lieu de rendez-vous le plus vite possible (on ne peut y aller qu’à pieds rappelez-vous). Son moteur est toujours en route, je ne me fais pas de souci : le temps qu’il trouve une place et sorte, je serai déjà loin !
Mais il se jette sur moi. Ma mère, au volant, n’a rien le temps de faire. J’ai Alia dans les bras, que je viens à peine de sortir du siège auto. Il me pousse, me bouscule, mais je protège Alia avec mes bras. Et il fait l’impensable : il prend notre fille sous les bras, et tire de toutes ses forces sur son petit corps, que je retiens de mon côté par le bassin.
Vous connaissez l’histoire du roi Salomon? Deux femmes viennent le voir avec un bébé, et chacune dit qu’il s’agit de son bébé. Le roi dit alors qu’il faut couper le bébé en deux, et que chacune aura une moitié. Une des femmes lui dit alors qu’elle a menti, que ce n’est pas son enfant, pas la peine de le couper ! Salomon en déduit que c’est bien elle, la vraie mère, car elle ne pouvait pas accepter qu’on fasse du mal à son bébé.
Moi, j’avais le choix entre voir ma fille écartelée par son inconscient de géniteur, ou la lâcher.
Alors j’ai lâché. Et il s’est retourné, l’a mise dans un siège qu’il avait préparé pour elle dans sa voiture. Je comprends alors qu’il n’a jamais eu l’intention de se rendre au rendez-vous.
Pendant ce temps, un homme qui promène son chien, et un autre qui vient chercher sa voiture voient tous les deux la scène. L’un va chercher un policier municipal, et l’autre bloque le père de ma fille jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre.
En parallèle, j’appelle la gendarmerie. Je suis stupéfaite, ils ne se déplacent qu’à contre-coeur, et après 2 appels de ma part. L’opératrice m’indique qu’une patrouille viendra quand elle pourra.
Le policier municipal arrive, accompagné d’un maître-chien. Le chien va passer près d’une heure à se replacer devant moi en signe de protection, quoi que son maître fasse. Il grogne vers mon ex, le fixant des yeux, et ne me quitte pas d’une semelle. De tous les membres des forces de l’ordre ce jour-là, seul le chien a compris où se trouvait vraiment le danger.
Parce que vous l’aurez compris, ni la police municipale ni la gendarmerie nationale ne voient d’inconvénient à ce que « Monsieur parte en vacances en Algérie avec sa fille » selon leurs termes. Je n’ai pas encore de jugement au Tribunal des Affaires Familiales ? Alors « arrêtez ce tapage ou ce sera la garde à vue ».
Ma mère est sidérée. Mon père a fait partie de la police et de la gendarmerie, on ne comprend plus rien. Clairement, ils ne se sont pas engagés pour les mêmes raisons, lui et eux. Comment un homme en uniforme peut-il laisser une enfant se faire enlever sous ses yeux, et avec son consentement? Pire, comment 3 hommes en uniformes peuvent-ils laisser passer ça ? Aujourd’hui encore, je ne comprends pas.
La seule concession qui est faite? Le véhicule du père est immobilisé suite à plusieurs infractions.
Qu’à cela ne tienne : il appelle un taxi, et rentre à Lyon sans sa voiture, mais avec notre fille. Et avec la bénédiction de l’Etat français.
Ma mère et moi rentrons chez nous, dépitées, vidées, abasourdies par ce qui vient de se passer.
Le père d’Alia m’envoie un texto disant qu’il ramène la petite chez Nounou lundi, on est dimanche, je ne me fais pas trop de soucis.
Mais bien sûr, lundi, Alia n’est pas chez Nounou. Et cette dernière n’a pas entendu parler du père.
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Article initialement posté le 28.06.2021

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